Le même jour, sur Linkedin, j’ai vu passer ces 2 publications : l’une de Data for Good et Quota Climat montre l’ampleur comparée des principaux narratifs de désinformation qui ont déferlé dans les médias français entre janvier et août 2025 ; la seconde un carrousel du magazine Vert décrivant les transferts actuels (ventes, prises d’intérêt…) entre milliardaires et médias qui poussent ces narratifs… La corrélation a bien sûr fait bondir mon éco-anxiété mais aussi mon TOC de vérification par la data et les faits objectifs ! Alors comment répondre à ces discours climatosceptiques qui fleurissent partout ?

Haro sur les énergies renouvelables !
« Les énergies renouvelables variables font exploser le prix de l’électricité. »
Les données montrent exactement le contraire. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le coût de l’électricité solaire a chuté de 90% entre 2010 et 2022. L’éolien terrestre a baissé de 70% sur la même période.
En 2022-2023, ce sont les combustibles fossiles qui ont fait exploser les prix en Europe. Le prix du gaz naturel a été multiplié par 10, entraînant les prix de l’électricité à la hausse via le mécanisme de fixation des prix européen.
Les pays avec une forte proportion d’énergies renouvelables comme le Danemark ou le Portugal ont des prix compétitifs. Le LCOE (coût actualisé de l’énergie) du solaire photovoltaïque est désormais de 29 à 56 €/MWh selon l’ADEME (2023), contre 50 à 80 €/MWh pour le nucléaire EPR.

« Les énergies renouvelables sont inefficaces ou inutiles en raison de leur intermittence. »
L’intermittence est gérable par plusieurs moyens complémentaires :
- Le foisonnement géographique : quand le vent ne souffle pas en Bretagne, il peut souffler en Provence. RTE (gestionnaire français du Réseau de Transport d’Electricité) démontre que la corrélation entre la production éolienne de deux régions distantes de 600 km est inférieure à 0,3 (c’est une jolie formulation statistique pour dire qu’en gros s’il n’y a pas de vent en Bretagne, il y a 70% de chances que la situation soit différente en Provence par exemple).
- Le mix énergétique : solaire et éolien se complètent (vent souvent la nuit, soleil le jour, logique).
- Le stockage : les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) stockent déjà 5 GW en France. Les batteries lithium-ion ont vu leur coût chuter de 90% en 10 ans.
- Le pilotage de la demande : l’effacement diffus (piloter la demande pour l’adapter à la production, par exemple en décalant ou en réduisant temporairement sa consommation électrique sans impact majeur sur le confort ou l’activité) permet de moduler jusqu’à 3 GW en France selon RTE.
- Les interconnexions européennes : la France peut échanger jusqu’à 17 GW avec ses voisins.
RTE, dans ses scénarios « Futurs énergétiques 2050« , confirme qu’un mix avec 50 à 100% de renouvelables est techniquement faisable tout en maintenant la sécurité d’approvisionnement.
« Le soutien de l’Etat aux énergies renouvelables est gigantesque (de l’ordre de dizaines voire centaines de milliards d’euros dans les prochaines décennies). »
En 2022, le soutien public aux énergies renouvelables en France via la CSPE était de 5,3 milliards d’euros selon la CRE (Commission de régulation de l’énergie).
À titre de comparaison :
- Les subventions aux énergies fossiles en France s’élèvent à environ 10 milliards d’euros par an selon l’OCDE.
- Le bouclier tarifaire sur l’énergie a coûté 45 milliards d’euros en 2022-2023.
- Le grand carénage du parc nucléaire coûtera entre 49 et 100 milliards d’euros selon la Cour des comptes (2016).
- Les 6 EPR2 prévus représentent un investissement public d’environ 50 milliards d’euros.
De plus, les contrats récents d’éolien en mer (Dunkerque, 2019) se font à 44 €/MWh sans subvention nécessaire, prouvant la compétitivité croissante des renouvelables. Bref…
« Les énergies renouvelables variables provoquent des blackouts et compromettent la sécurité d’approvisionnement électrique ».
Aucun blackout en France n’a été causé par les énergies renouvelables. Les incidents majeurs en Europe sont liés à :
- Des défaillances d’infrastructure (panne en Allemagne en 2006)
- Des vagues de froid extrêmes (Texas 2021, dû principalement à des centrales gaz gelées)
- Des cyberattaques
RTE, dans son bilan électrique 2023, confirme que la sécurité d’approvisionnement est assurée. Le système français dispose de marges suffisantes avec 30 GW de renouvelables installés.
L’Allemagne, avec plus de 50% d’électricité d’origine renouvelable, a un indice de fiabilité (SAIDI) de 12 minutes de coupure par an, meilleur que la France (68 minutes en 2022 selon RTE).
« En France, la production nucléaire suffit à répondre aux besoins en énergie et grâce à elle, le mix électrique et/ou énergétique est déjà décarboné. »
Le nucléaire ne représente que 17% de la consommation d’énergie finale en France (source : SDES, 2022). Il produit environ 40% de l’électricité, qui elle-même ne représente que 25% de l’énergie consommée.
Les secteurs transport (32%), chauffage des bâtiments (45% de l’énergie finale) et industrie dépendent massivement des énergies fossiles (pétrole, gaz).
Le mix énergétique français reste à 60% fossile. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il faut décarboner tous les usages, ce qui nécessite un développement massif des renouvelables selon tous les scénarios de RTE.
De plus, le parc nucléaire vieillit : l’âge moyen des réacteurs est de 37 ans. Plusieurs arrêts pour corrosion sous contrainte ont réduit la production de 20% en 2022.
« Le bilan environnemental des éoliennes est négatif et elles sont un désastre pour la biodiversité (oiseaux) et la santé humaine (maladies) ».
L’analyse du cycle de vie (ACV) démontre le contraire : une éolienne rembourse l’énergie nécessaire à sa fabrication en 12 à 24 mois selon l’ADEME, pour une durée de vie de 20 à 30 ans. Le facteur de retour énergétique (EROI) est de 20 à 40, excellent.
Biodiversité : Les éoliennes causent effectivement des mortalités aviaires, estimées entre 0,3 et 18 oiseaux par éolienne et par an en France (chiffres LPO). C’est significativement inférieur à :
- Les collisions avec les vitres : 25 à 30 millions d’oiseaux/an en France
- Les chats : 75 millions d’oiseaux/an
- Les lignes électriques : plusieurs millions/an
- Le changement climatique : menace existentielle pour 1 espèce sur 3
Des mesures d’évitement sont possibles : études d’impact, bridage pendant migrations, radars avifaune.
Santé humaine : Aucune étude scientifique robuste ne démontre d’impacts sanitaires des éoliennes au-delà de l’effet nocebo (placebo : un faux médicament fait se sentir mieux, nocebo : un faux poison fait se sentir mal, dans les 2 cas ce n’est ni le médicament ni le poison les fautifs). L’Académie de médecine (2017) et l’ANSES (2017) concluent à l’absence de preuve d’effets directs des infrasons éoliens sur la santé aux distances réglementaires (500 m minimum).
Recyclage : 90% des matériaux d’une éolienne sont recyclables (acier, béton, cuivre). Les pales en composite (2 à 3% de la masse) posaient problème mais des solutions de recyclage chimique ou thermique émergent.
Entre cocorico et défaitisme bien pratique
« La France est l’un des pays qui émet le moins de gaz à effet de serre au monde ».
En valeur absolue, la France émet 408 millions de tonnes éq. CO2 par an (empreinte carbone 2022, source : SDES).
Par habitant : 6 tonnes éq. CO2/an (périmètre national), mais 9 tonnes avec l’empreinte carbone (incluant importations). C’est deux fois la moyenne mondiale (4,7 tonnes) et bien au-dessus de ce que permettrait un budget carbone soutenable (2 tonnes par personne pour respecter l’Accord de Paris).
Les pays scandinaves comme la Suède (3,8 tonnes/habitant) ou la Norvège font mieux grâce aux énergies renouvelables. La France cache également ses émissions importées : 50% de son empreinte carbone provient de biens et services produits à l’étranger (le kg de haricots verts du Kenya qui a fait 6000km pour arriver au supermarché par avion).

« Réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France n’a aucun impact sur le climat […]. »
Ca revient à dire qu’aucun pays ne devrait agir… Si tous les pays adoptaient cette logique, aucune action climatique ne serait possible.
La France représente 1% des émissions mondiales annuelles actuelles mais 0,85% de la population mondiale, elle émet donc proportionnellement plus que la moyenne.
Historiquement, la France est responsable de 1,1% des émissions cumulées depuis 1850 (source : Global Carbon Project), ce qui la place dans le top 20 des émetteurs historiques. Elle a une responsabilité historique dans le changement climatique !
La mobilité écologique, c’est pas parti mon kiki !
« Les ZFE ne produisent aucun effet écologique notable et ne réduisent pas les émissions de gaz à effet de serre ».
Les zones à faibles émissions ont des effets mesurables sur la qualité de l’air :
- À Londres (LEZ depuis 2008, ULEZ depuis 2019) : réduction de 44% du NO2 dans la zone centrale (Transport for London, 2021).
- À Berlin : baisse de 20% des particules fines PM10 (Umweltbundesamt, 2020).
- À Madrid : réduction de 11 à 38% du NO2 selon les zones (Ayuntamiento de Madrid, 2019).
Santé publique France estime que la pollution de l’air cause 40 000 décès prématurés par an en France. Les ZFE contribuent à réduire l’exposition aux polluants, particulièrement les oxydes d’azote (NOx) et particules fines responsables de maladies cardiovasculaires, respiratoires et cancers. Le bénéfice climatique est plus indirect mais réel : encourager le report modal vers transports en commun, vélo, covoiturage.
« Les voitures thermiques ne sont pas un problème pour l’environnement […] ».
Les transports représentent 31% des émissions de GES en France, dont 52% pour les voitures particulières (source : CITEPA, 2022). Cela représente 77 millions de tonnes éq. CO2/an.
La voiture thermique émet en moyenne 112 g CO2/km (ADEME, 2022) sur l’ensemble de son cycle de vie. Une voiture essence moyenne parcourant 15 000 km/an émet 1,7 tonne de CO2/an rien qu’à l’usage.
Pollution de l’air : les véhicules diesel et essence émettent des NOx, particules fines (PM2,5), benzène, HAP cancérigènes.
Dépendance au pétrole : La France importe 99% de son pétrole, représentant une facture de 40 à 80 milliards €/an selon les cours, un déficit commercial majeur donc un problème majeur aussi pour notre économie !
« Les voitures électriques polluent plus que les voitures thermiques ou hybrides ».
L’analyse du cycle de vie (ACV) démontre la supériorité environnementale du véhicule électrique : oui, la fabrication d’un VE émet plus (batterie notamment) : environ 6 à 12 tonnes éq. CO2 vs 5 à 7 tonnes pour un thermique équivalent. Mais sur la durée de vie (200 000 km), un VE en France émet 10 tonnes éq. CO2 en France (mix électrique bas-carbone : 60 g CO2/kWh) contre 30 à 45 tonnes pour un thermique essence/diesel.
Bilan total : Le VE émet 2 à 3 fois moins sur son cycle de vie en France, 3 à 4 fois moins en Norvège, et même en Pologne (mix charbon), le bilan reste favorable après 100 000 km. Source : ADEME (2022), Transport & Environment (2020), IEA (2021).
Les VE émettent aussi des particules d’usure (freins, pneus), mais environ 20% de moins grâce au freinage régénératif qui réduit l’usure des freins de 95%. 95% des matériaux d’une batterie Li-ion sont recyclables (Veolia, Orano).
« Niez en bloc ! Niez en bloc ! »
« Le climat a toujours fluctué de façon naturelle […] et il n’y a aucune raison de s’en inquiéter ». – Ah bah ouf, on a failli s’affoler pour rien !
Argument classique mais trompeur. Oui, le climat a varié naturellement par le passé (cycles de Milankovitch, éruptions volcaniques, variations solaires). Mais :
- Vitesse du changement : Le réchauffement actuel (+1,1°C depuis 1850) est 10 fois plus rapide que la sortie de la dernière glaciation. Sur les 50 dernières années, la température augmente de 0,18°C par décennie (GIEC 2021).
- Causes identifiées : Les variations naturelles (soleil, volcans) ne peuvent expliquer le réchauffement observé. Seule l’augmentation des GES anthropiques (CO2 +50% depuis 1850, de 280 à 420 ppm) explique la tendance. Les modèles climatiques reproduisent parfaitement la température observée quand on intègre les GES anthropiques (causées par les humains), mais pas avec les seuls facteurs naturels.
- Consensus scientifique : 99,9% des études climatiques récentes confirment l’origine anthropique (étude Myers et al., 2021, portant sur 88 125 études).
Le GIEC (2021, AR6) conclut avec un niveau de confiance « sans équivoque » que l’influence humaine a réchauffé le climat. Nier ce fait scientifique est non seulement parfaitement idiot mais aussi dangereux car il incite à ne rien faire du tout à l’heure où tous les efforts devraient être faits pour préserver l’habitabilité de cette planète pour les humains !

« L’origine anthropique du réchauffement climatique est incertaine ou insignifiante. »
Voir ci-dessus, mais si vous avez besoin de quelques faits supplémentaires :
- Corrélation parfaite entre CO2 et température depuis 1850
- Le CO2 atmosphérique provient des combustibles fossiles (preuve isotopique : ratio C12/C13, en gros l’étude des isotopes dans des carottes de glace et des stations de mesure racontent la même histoire mais ne me demandez pas ce qu’est l’effet Suess, je suis pas sûre d’avoir compris lol)
- La stratosphère se refroidit alors que la troposphère se réchauffe (signature d’un effet de serre renforcé, pas d’une variation solaire)
Résultat : +1,1°C depuis 1850 dont 1,07°C attribuable aux activités humaines (GIEC AR6). Les humains ont émis environ 700 milliards de tonnes de CO² depuis 1850 en brûlant des combustibles fossiles > environ 300 gigatonnes sont restées dans l’atmosphère (soit 40% du total atmosphérique actuel) et le reste a été absorbé par les océans (causant leur acidification) et la végétation.
« On nous fait croire qu’il existe un consensus sur le réchauffement climatique, ce qui est faux […] ».
Le consensus est documenté par de multiples études :
- Oreskes (2004) : 100% des études sur le climat (928 articles) acceptent le consensus sur le réchauffement anthropique.
- Cook et al. (2013) : 97,1% des études prenant position affirment l’origine anthropique (sur 11 944 articles analysés).
- Myers et al. (2021) : 99,9% des études récentes confirment le consensus (88 125 études climatologiques 2012-2020).
Enquêtes auprès des climatologues : 97 à 100% des climatologues actifs confirment le réchauffement anthropique (Doran & Zimmerman 2009, Verheggen et al. 2014).
Institutions scientifiques : Toutes les grandes académies des sciences du monde affirment le consensus : NASA, NOAA, Royal Society, Académie des Sciences française, Académie chinoise, etc.
Le « débat » existe seulement médiatiquement, pas scientifiquement. Les climatosceptiques représentent <1% de la littérature scientifique et ont souvent des conflits d’intérêts (financements fossiles).
Y en a un peu plus, je vous le mets aussi ?
Je passe volontairement sur les variantes du genre « Les données scientifiques sur l’ampleur du changement climatique sont falsifiées… » ou « Les politiques climatiques sont adoptées sans connaître l’impact qu’elles pourraient avoir. » parce que ma pression sanguine a des limites, mais je ne peux pas passer sur la dernière :
« L’agriculture et l’élevage sont inoffensifs voire bons […] ».
Émissions de GES liées à l’agriculture: 19% des émissions françaises (86 Mt éq. CO2, CITEPA 2022), principalement :
- Méthane des ruminants (fermentation entérique) : 50 Mt éq. CO2
- Protoxyde d’azote (N2O) des engrais : 30 Mt éq. CO2
- CO2 du changement d’usage des sols
L’élevage représente 14,5% des émissions mondiales (FAO 2013), plus que tous les transports. 70% des terres agricoles mondiales servent à nourrir les animaux d’élevage (pâturages + cultures fourragères) pour seulement 18% des calories humaines. 80% de la déforestation amazonienne est liée à l’élevage bovin ou à la culture de soja pour l’alimentation animale.
L’agriculture intensive est la première cause de déclin de la biodiversité en France (pesticides, monoculture, haies arrachées). 30% des oiseaux des champs ont disparu en 30 ans (MNHN/CNRS 2018). L’agriculture représente 45% des prélèvements d’eau en France (irrigation).
Pourtant, c’est pas comme si des solutions existaient… : agroécologie, agroforesterie, réduction de la consommation de viande, agriculture de précision permettent de réduire significativement ces impacts. L’agriculture peut faire partie de la solution (stockage carbone dans les sols, haies) mais elle doit se transformer profondément.

Conclusion
Voilà, vous êtes armé·es (enfin, j’espère) pour tenir tête à votre oncle fan de Pascal Praud et de Cnews au prochain repas de famille. Enfin, je dis ça mais je viens de vous balancer des hectares de caractères, alors peut-être qu’on peut résumer et chanter les affirmations suivantes tous·tes ensemble à la pleine lune près d’une rivière (oui, c’est comme ça que nous imaginent les climatosceptiques lol) :
OUI le réchauffement climatique est réel, c’est prouvé scientifiquement et il y a bien un consensus général sur le fait que l’HUMAIN EST A L’ORIGINE de ce changement (« bouleversement » serait plus juste) !
OUI la France et tous les pays ayant vécu la révolution industrielle ont une dette carbone à payer, et une autre dette carbone extérieure sur les produits importés, donc nous devons agir , notamment grâce aux énergies renouvelables (OUI ça fonctionne bon sang). Cela aura bien un effet positif sur le climat si on le fait maintenant et à grande échelle !
OUI on doit AGIR et non passer notre temps à colporter de la désinformation climatique > ne rien faire, c’est vraiment se suicider collectivement, soit sanitairement (maladies, empoisonnement, polluants passant la barrière placentaire donc effet sur les générations suivantes), soit économiquement (le coût des catastrophes et de l’inaction climatiques atteint déjà des sommes astronomiques), soit violemment (demandez à la Jamaïque en ce moment…).
Bon courage à tous·tes dans vos combats contre les inactifs et climatosceptiques… 😀

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